Une affaire de santé publique
- clairebenveniste
- 20 déc. 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 déc. 2020
Parce que mes toilettes vous concernent et que vos toilettes me concernent.

Maintenant que vous savez comment certaines maladies se transmettent (pour se rafraîchir la mémoire, c'est par ici), vous comprenez que quand bien même vos propres urines et excréments sont correctement gérés en évitant tout contact entre eux et vous, si ce n'est pas le cas de votre voisin, vous risquez d'être contaminé.e par les siens ! Sans parler de notre environnement qui en prend pour son grade par la même occasion.
De la même façon, si un incendie se déclare dans le quartier voisin, vous avez tout intérêt à ce qu'il soit stoppé au plus vite, avant que le feu ne se propage jusqu'à vous.
L'accès aux toilettes et ce qui s'ensuit est donc une question de santé publique : ce que font les autres nous concerne et ce que nous faisons concerne les autres.
Un peu comme en confinement : si Roberte, qui vit avec Hercule, se permet de sortir en cachette pour papillonner avec Hector, elle prend le risque de contaminer son cher Hercule avec les virus d'Hector. De même, si Gaston fait fi des règles actuellement édictées et se rue chez les voisins pour festoyer, il ferait bien de consulter auparavant sa concubine Géraldine qui comptait justement rendre visite le lendemain à sa grande tante Ginette qui approche de la centaine à grands pas. Saperlipopette, nous voilà décidément poings et pieds liés !

Mais revenons à nos moutons. Pour assurer la santé de toutes et tous, des toilettes doivent donc être accessibles partout, espaces et lieux publics, bidonvilles, camps de Roms, de migrant.e.s ou de réfugié.e.s compris. Nous verrons dans un prochain article que c'est même un droit.
En cette Journée mondiale de la solidarité humaine, je vous invite à lire ces quelques extraits de l'ouvrage "Repenser la pauvreté", écrit par les prix Nobel Esther Duflo et Abhijit V. Banerjee, spécialistes des savoirs contre la pauvreté.
" Lorsqu'on leur accorde une place, les pauvres figurent généralement comme des acteurs d’anecdotes tragiques ou édifiantes, des êtres dignes d'admiration ou de pitié, mais jamais comme une source de connaissance, ni comme des personnes qu'il importerait de consulter pour savoir ce qu'ils pensent, ce qu'ils veulent ou ce qu'ils font. "
" Ces personnes qui vivent avec si peu sont par ailleurs exactement comme le reste d'entre nous. Ils éprouvent les mêmes désirs, ils ont les mêmes faiblesses ; les pauvres ne sont pas moins rationnels que les autres, au contraire. Précisément parce qu'ils possèdent si peu de choses, ils se montrent souvent extrêmement prudents dans leurs choix : ce n'est qu'en développant une économie complexe qu'ils peuvent survivre. "
" [...] pour tirer profit de leurs talents et garantir l'avenir de leurs familles, les pauvres ont besoin d'infiniment plus d'adresse, de volonté et d'implication que les autres. Inversement, tous les petits coûts, toutes les petites barrières et les petites erreurs qui pour nous n'ont à peu près aucune importance peuvent avoir pour eux des conséquences dramatiques. "

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