Les toilettes sèches sont-elles les toilettes de demain ?
- clairebenveniste
- 13 févr. 2021
- 3 min de lecture
Pour beaucoup, toilettes sèches riment encore avec toilette rustique et glaciale du fin fond du jardin. Eh bien détrompez-vous, il existe des toilettes sèches tout à fait modernes et confortables. La concurrence avec les toilettes à chasse a même déjà commencé !
Vous les avez sans doute expérimentées en festival ou lors d'événements publics. Les préjugés associés aux toilettes sèches sont coriaces : entre mauvaises odeurs, saleté et problèmes d'entretien, elles représentent encore pour beaucoup d'entre nous un retour en arrière en termes d'hygiène et de confort.
Si elles nécessitent certes un entretien adapté, d'autant plus dans l'espace public (où les toilettes à chasse sont elles aussi rarement étincelantes), les toilettes sèches ont le grand avantage de ne pas utiliser d'eau. Comme détaillé dans un précédent article ("Chasse d'eau...potable"), c'est à la fois bon pour notre planète ainsi que pour notre portefeuille, d'autant plus si notre chasse de luxe utilise de l'eau potable. C'est aussi une solution fort pratique lorsqu'on souhaite installer des toilettes loin de réseaux d'eau et d'égouts : en montagne, en campagne, en festivals, en bord de routes, etc.
Un autre avantage, et pas des moindres, est que les toilettes sèches permettent de valoriser au mieux nos productions journalières. Comment cela ?! Eh bien, ce que notre corps rejette contient certes des agents pathogènes mais aussi de précieux nutriments qui peuvent servir à fertiliser nos sols, à produire du combustible, du biogaz, de l'électricité ou encore de la nourriture pour animaux ! Mais une chose à la fois, ceci est une mise en bouche. Nous y reviendrons plus en détails dans un prochain article dédié à la question.
Last but not least, les toilettes sèches anéantissent tout risque d'éclaboussure et de son indiscret générés par nos commissions, quel qu'en soit leur flux.
Que du bonheur, donc.
Mais de quoi parle-t-on au juste ?!
Eh bien au-delà de la toilette sèche la plus connue, qui nécessite un apport de copeaux ou de sciure et une vidange très régulière, il existe de nombreux autres types de toilettes sèches. Voyez plutôt :
En bref, soit toutes les commissions sont recueillies ensemble et mélangées à de la matière carbonée pour être compostées, soit elles sont collectées séparément (dès la toilette ou dans un second temps) : les urines d'une part et matières fécales d'autre part, pour faciliter leur traitement et leur valorisation.
Exemples de toilettes sèches à compost et à séparation (systèmes Ecodoméo et Separett) © Chloé Pinchard, Claire Benveniste
Une équipe basée à Londres a également développé des toilettes sèches qui récupèrent toutes les matières dans un sac, pour produire ensuite du biogaz. Des toilettes utilisées aussi bien au Royaume-Uni, qu'aux Philippines et à Madagascar.
Pour plus de détails sur les toilettes sèches, vous pouvez par exemple vous renseigner sur les sites suivants :
Low Tech Lab et son tutoriel en ligne.
Pour acheter, louer, vous documenter et/ou vous faire accompagner à ce sujet, vous pouvez solliciter un membre du Réseau de l'Assainissement Ecologique : c'est par ici.
Cécile Duflot nous confiait en novembre dernier lors d'un débat sur la qualité des sols, que sa fille qui avait grandi en ayant le choix entre une toilette à chasse et une toilette sèche, avait une forte préférence pour la version sans eau. Si même les enfants s'y mettent...
Des toilettes sèches qui se modernisent, donc. Ou plutôt qui se généralisent et atteignent notre territoire, puisqu'elles existent depuis bien longtemps dans d'autres pays tels que la Suède, l'Allemagne ou encore la Suisse.
Peut-être même de quoi rancarder les citadin.e.s ? Eh bien pourquoi pas ! Des tests sont actuellement en cours dans certains de nos bourgs et métropoles. La suite au prochain épisode.
En attendant et pour terminer cet article sec avec douceur, mettons la poésie belge à l'honneur :
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